Une mission de 11 mois à la MFR de Coulans-sur-Gée
Carola Zick est allemande et elle a 20 ans. En août 2019, Carola a commencé un volontariat de 11 mois à la MFR de Coulans-sur-Gée. Elle restera en France jusqu’en juillet 2020 afin de remplir une mission proposée dans le cadre du Corps européen de solidarité (CES). Un programme européen dans lequel les 18-30 peuvent s’engager comme volontaires.
Peux-tu nous présenter ce que tu fais à la MFR ?
Carola : “Chaque semaine à la MFR de Coulans-sur-Gée, je prépare une veillée et deux animations à faire sur le temps de pause du midi. J’y propose des activités ludiques pour apprendre des choses sur l’Allemagne aux élèves. Je participe à l’animation d’un atelier de théâtre. Nous sommes en train de répéter les scènes de la pièce de théâtre « La souricière » d’Agatha Christie.
J’accompagne aussi les moniteurs dans certains cours où je propose des activités pour apprendre la langue allemande, pour déconstruire les stéréotypes sur l’Allemagne, je raconte comment l’école se passe en Allemagne, j’invite les autres volontaires européens à présenter leur pays devant la classe etc. De temps en temps, j’aide le moniteur d’anglais lors des cours d’anglais et je travaille aussi en coopération avec des autres volontaires européens accueillis dans les MFR sur un projet commun autour de la sensibilisation des élèves à l’environnement.
Le soir, quand je rentre de mon travail, j’aime bien dîner avec mes colocataires car nous échangeons beaucoup sur nos missions quotidiennes. Le week-end j’aime bien me reposer et rencontrer d’autres jeunes internationaux présents au Mans.”
Globalement, qu’est-ce qui te plait ? et qui te plait moins ?
Carola : “La colocation est ce qui me plait le plus ! Nous nous entendons très bien, nous passons beaucoup de temps ensemble et nous nous amusons toujours bien. Si l’un de nous est triste, les autres sont là pour lui remonter le moral. On s’occupe beaucoup les uns des autres. Comme nous sommes tous accueillis dans le même type d’établissement, nous comprenons tous très bien ce que vivent les autres et on peut ainsi mieux se soutenir.
Mon travail avec la classe de 4ème me plaît beaucoup parce que ces jeunes sont très gentils avec moi et montrent beaucoup d’intérêt pour les activités que je leur propose. J’étais très surprise au début quand j’ai essayé de leur apprendre un peu d’allemand qu’ils soient aussi motivés et qu’ils fassent autant d’efforts ! Certains viennent me voir pour me demander « comment on dit en allemand … ».
Ce qui me plait moins, c’est le fait que les Français ont l’air de se moquer de l’éco-responsabilité ! Et donc ne partagent pas une de mes valeurs clés. Depuis le début de l’année, nous travaillons pour sensibiliser les élèves au changement climatique et théoriquement ils devraient maintenant être très informés ! Mais j’ai l’impression que malheureusement ils s’en fichent et qu’ils ne changent pas leur manière d’agir. Faire le tri et recycler, réduire sa consommation de produits animaux, prendre le train au lieu de prendre l’avion pour aller dans un pays proche, participer aux marches les vendredis pour le climat etc.…, j’ai l’impression que la société française ne prend pas au sérieux toutes ces actions.”
Qu’est-ce que tu as appris jusqu’à présent grâce à ta mission ?
Carola : “J’ai beaucoup amélioré mon français, et plus particulièrement ma compréhension orale. Je n’ai pas « seulement » appris des choses sur la France mais aussi sur l’Italie et l’Espagne grâce à mes colocataires. J’ai même commencé à apprendre l’espagnol avec Anaïs, la volontaire espagnole : nous formons un tandem, elle m’apprend l’espagnol et je lui apprends l’allemand !
Quand je suis arrivée au Mans cela faisait environ un an et demi que j’avais mon permis de conduire. Mais je n’avais pas vraiment eu l’occasion de conduire en Allemagne alors quand j’ai dû conduire quotidiennement pour aller du Mans jusqu’à Coulans-sur-Gée, cela a été une vraie épreuve ! Cela me faisait peur au début mais aujourd’hui je suis très contente de moi car j’ai osé, j’ai dépassé ma peur et j’ai pris confiance en moi !
Être la seule étrangère au sein de la MFR, être ni une élève, ni une monitrice, avoir ce statut un peu à part de volontaire n’a pas rendu mon intégration très facile ! Ce n’est pas toujours facile de s’intégrer dans une conversation quand on ne comprend pas vraiment ce qui est dit, à cause des sous-entendus ou du contexte culturel.
En devant surmonter ces défis, on devient plus fort et on apprend à s’accrocher, à ne perdre pas espoir dans les moments difficiles.”
Et la vie en France, qu’en retiens-tu pour l’instant ?
Carola : “Je pense que maintenant ma vision de la France est beaucoup plus réaliste. Quand je suis arrivée, je m’en rends compte maintenant, j’avais beaucoup de préjugés. Des préjugés positifs : j’imaginais un pays parfait, beaucoup mieux que le mien, une sorte de pays de rêve où les gens sont tous parfaits et infaillibles, où l’égoïsme n’existe pas ! Maintenant je vois plus clair, je vois un pays avec ses points forts et ses points faibles. Un pays unique et intéressant, un pays qu’il faut apprécier et respecter dans tous ses aspects et qui mérite autant d’attention que ces autres pays qui forment ensemble avec nous ce continent absolument riche en culture et tradition qui s’appelle l’Europe.”
Une anecdote rigolote sur ces 8 premiers mois en France ?
Carola : “Anaïs, notre colocataire catalane, nous a raconté des traditions très originales ! Pendant la période de l’Avent, elle nous a raconté l’histoire du Cagatio. C’est un tronc d’arbre qui arrive dans chaque maison début décembre. Il porte une couverture et il a un visage souriant. Les enfants s’occupent alors de lui, le nourrisse etc. A Noël, les enfants chantent une chanson et le frappent avec un bâton pour qu’il défèque des cadeaux. A la colocation nous avons tous trouvé cette tradition complètement folle et déjantée ! Et puis, Anaïs a profité d’un séjour en Espagne avant les fêtes pour nous rapporter un Caga tió ! Comme les enfants, nous nous sommes très bien occupés de lui à Noël !”
Une chose de ton pays (objet, nourriture, personne, monuments etc…) qui te manque terriblement ?
Carola : “Les Maultaschen, des sortes de raviolis allemands que j’adore ! et un lave-vaisselle.”
Un mot français que tu aimes particulièrement ? et un mot que tu n’aimes pas du tout ?
Carola : “J’aime bien le mot « rikiki ». Ce mot sonne mignon et c’est drôle parce que ça ressemble à « kikeriki », le bruit du coq en allemand au lieu de « cocorico ». Par contre, je n’aime pas le mot « meuf ». Je n’aime pas du tout le son de ce mot, c’est comme si on parlait d’un déchet et non pas d’une femme (et est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi vous êtes si obsédés par le verlan s’il-vous-plaît ? (rires)”.
Merci d’avoir répondu à nos questions. Bonne fin de mission !
Article publié le 10/04/2020