Voter pour les députés du Parlement, une élection à un seul tour
Le mercredi 17 avril a eu lieu une conférence à l’Université du Mans, organisée par la Maison de l’Europe et animée par Radio Alpa. L’avenir de notre continent repose en grande partie sur les choix que nous faisons dans les urnes. Les élections européennes de 2024 sont une occasion cruciale de façonner la direction dans laquelle nous voulons voir l’Union européenne évoluer. Mais pourquoi voter ? Quel est l’impact de notre participation sur le cours des événements et les politiques qui nous concernent ? Pour ce faire, quatre spécialistes de ce domaine sont intervenus afin de partager leur vision de ce scrutin du 9 juin 2024.
Dans l’amphithéâtre de l’IUT, une cinquantaine de personnes ont assisté au débat, ceux-ci ont eu l’occasion d’échanger, d’interroger les spécialistes pendant 30 minutes après leur débat d’1h10 animé par le journaliste de Radio Alpa, Robin Hulin.
Pierre-Louis Gastinel, conférencier Team Europe a été le premier à intervenir en effectuant une présentation du fonctionnement des 4 principales institutions européennes ; le Conseil européen, la Commission européenne, le Conseil de l’UE et le Parlement européen. Il a également rappelé l’importance du compromis au niveau du processus démocratique de l’UE ; « Cette notion de compromis est dans l’ADN de l’UE » précise-t-il. En effet, avec la répartition actuelle des députés en groupes politiques, les coalitions sont courantes. La recherche d’un consensus est obligatoire pour faire passer les votes car aucun groupe politique n’a la majorité au Parlement européen. Ces compromis nécessitent un accord d’au moins 3/4 des votants. Pierre-Louis Gastinel a évoqué le rôle de l’UE, notamment pendant la crise du Covid-19, où tout ne s’est pas arrêté puisque de nombreuses négociations ont continué d’avancer, comme avec le Pacte vert.
Pour finir, l’animateur Europe a interpellé le fait de la potentielle victoire de l’extrême droite aux élections européennes du 9 juin prochain et des nombreux points d’interrogations que cela soulève. De plus, l’avenir de l’Europe peut être fortement marqué par les futurs élections aux Etats-Unis, notamment avec la perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Ensuite, Thierry Chopin, politologue et conseiller spécial de l’institut Jacques Delors, professeur au Collège d’Europe (Bruges) a échangé à propos du contexte national, européen et international très spécifique. Le contexte socio-économique dû à l’inflation et à la stagnation de l’activité qui a résulté de la crise énergétique ; la montée des droites conservatrices et radicales dans beaucoup de pays membres de l’UE et puis les grandes difficultés, à la fois politique et économique occasionnées par la guerre en Ukraine ; amènent un contexte particulièrement tendu et conflictuel pour les élections européennes qui auront lieu le 9 juin en France.
Il a expliqué que les droites radicales et conservatrices imposaient un discours, un débat à la société. Cependant, les forces politiques modérées ont tendance à répondre, à réagir à ceux-ci. Cela entraine une augmentation de la visibilité des extrêmes. De plus, la guerre en Ukraine entraine un positionnement stratégique de l’UE à l’international, effectivement, cela est très important dans un contexte très difficile tel que celui-ci, nous sommes dans un domaine de conflictualisation très élevé depuis la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, la question ukrainienne devient un sujet qui préoccupe moins l’opinion publique puisque selon les sondages, la guerre en Ukraine n’arrive qu’en 7ieme position des inquiétudes. La distance géographique et le temps long, sont des facteurs qui expliquent cette distanciation. Pourtant, il subsiste une forte instabilité pour tous les pays européens, d’un point de vue géopolitique, économique et social.
Pour finir, Marinette Valiergue et Dorian Dreuil, experts associés à la Fondation Jean Jaurès alertent sur les dangers de l’extrême droite pour les démocraties libérales, concrétisés par les tendances autocratiques. Dorian Dreuil, a évoqué qu’en 2024, près de 76 pays vont organiser des rendez-vous électoraux, présidentiels, législatifs, régionaux ou municipaux. Près de la moitié de la population mondiale, soit environ 4,1 milliards de personnes, se rendront aux urnes. Aujourd’hui, 72% de la population mondiale vit dans une autocratie, c’est un processus, un « poison lent qui arrive notamment avec la droite radicale ». L’un des principaux facteurs de l’autocratisation est une polarisation de la société, des débats selon lui. Cela signifie que les débats sont rompus sur certains sujets en raison d’un fort clivage entre les partis. En France, en 2023, il y a eu une forte polarisation des débats sur le projet de loi de la réforme des retraites ainsi que sur la loi immigration. La polarisation des débats, de la société a favorisé le développement des partis d’extrêmes.
Marinette Valiergue, a quant à elle développé la stratégie de dédiabolisation du RN, notamment en renonçant à certaines mesures phares de son programme comme la sortie de la France de l’UE et de l’union monétaire. Au fil des années, le RN s’est concentré sur les sujets quotidiens des Français, pour ce faire, les députés RN ont été très présents dans les médias et aux élections locales. Dans la stratégie de normalisation du parti, Marine Le Pen s’est construire une nouvelle posture : celle de la défense de l’emploi et des travailleurs, du pouvoir d’achat, etc.
Enfin, Marinette Valiergue a révélé la forte ambiguïté du RN sur de nombreux sujets. Effectivement, ils ont une stratégie de normalisation au niveau national, mais au niveau européen lorsque leurs votes sont analysés, les prises de position sont beaucoup plus radicales. On constate effectivement qu’il existe un fort absentéisme dans l’hémicycle européen.
Les échanges conduits par Robin Hulin de Radio Alpa ont ensuite laissé place à une séance de questions réponses avec les participants présents dans la salle.
Article rédigé par Timothé Vaudecranne
Article publié le 24/04/24