De Mulhouse à la mer Noire…
En juin et juillet 2016, Sophie Duchêne a rallié Mulhouse à la mer Noire avec pour seul moyen de locomotion : son vélo ! Alors que la distance à vol d’oiseau ne représente que 1689 km, Sophie a parcouru 3652 km en 7 semaines, traversant ainsi 10 pays ! Récit d’un voyage riche en souvenirs et en rencontres !
Voyager en train ou en voiture est tout aussi simple, pourquoi avez-vous préféré le vélo ?
J’ai appris le vélo très jeune et je jouais avec mes amis en bas de l’immeuble. Adolescente, je devais utiliser le vélo pour aller au lycée mais je trouvais que cela donnait de gros mollets ! Jeune mariée, le vélo me permettait avec mon mari de nous déplacer et de partir en vacances à peu de frais. C’est devenu un outil de liberté ! Je connaissais l’itinéraire et les difficultés éventuelles. J’avais les cartes en main et je me suis basée sur le site : l’eurovélo6. Je pensais parcourir 2500 km mais en vélo on fait beaucoup de détour !
Comment vous êtes-vous préparée pour cette aventure ? Physiquement, mentalement, financièrement ?
Je n’ai pas eu de préparation particulière. Je me déplace toujours à vélo en ville. Je “mouline” et roule sans effort. J’ai lu des blogs. Je voulais faire comme tous les jours. Avec mon mari, nous avons fait 2 randonnées cyclistes. La première était trop longue et difficile, j’étais tombée sur la rotule peu de temps avant. J’ai abandonné à La Suze et nous avons mis les vélos dans le train. Je n’ai plus fait de vélo pendant 6 semaines et puis nous avons refait une autre randonnée, plus courte, (2 jours de 50 km) avec un meilleur temps et tout s’est bien passé.
C’est vrai que les vacances à vélo ne semblent pas chères. Je n’ai rien acheté de spécial, les vélos étaient même vieux et nous avons eu des frais en Allemagne. Pour limiter le poids, rien pour cuisiner ni dormir, j’allais donc au restaurant et à l’hôtel. J’ai privilégié les formules pas chères : pension, auberge de jeunesse, dortoirs… On arrive à en trouver à pas cher. Le prix d’une chambre était à 10€ à Belgrade par exemple. Ma retraite a suffi.
Comment cela se fait que vous soyez partie en solo dans cette aventure ?
En 2010, je suis restée au chômage quelques mois. Je ne pouvais pas entraîner quelqu’un et me décommander si je trouvais du travail. Je voulais aussi mener ce voyage comme un projet informatique : objectif à réaliser dans les temps, avec les moyens habituels, faire face aux difficultés, faire preuve d’endurance. En fait, mes futurs employeurs avaient plutôt peur que je reparte ! Pour limiter mon absence, je partais sur les jours de semaine. En fait, cet été, pour réduire le temps de séparation, je suis partie avec mon mari pendant 2 semaines, puis une semaine avec mon fils. A deux, c’est un voyage. A partir de la Slovaquie, j’étais seule et la véritable aventure.
Le voyage s’est plutôt relativement bien passé. On a des cartes avec les indications des réparateurs. Je sais changer un câble de frein, réparer une chambre à air, graisser mon vélo… Au début, je n’étais pas du tout sûre d’aller au bout, à cause de mon vélo, de mon genou ou d’une peur quelconque. Cela n’était pas une honte d’arrêter.
Quels sont les 10 pays que vous avez traversé ?
L’Europe de part en part, c’est 10 pays traversés, et autant de langues différentes, certaines en cyrillique. Une Europe extrêmement diverse par ses cultures et ses niveaux de vie. En allant vers l’Est, la vie devient de moins en moins chère, jusqu’à la Roumanie rurale et pauvre. (cliquez sur les noms de pays pour avoir l’avis de Sophie Duchêne)
[peekaboo_link name=”france”]La France[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”france”]vous connaissez, les châteaux de la Loire, la Bourgogne, les mines plus à l’Est. C’est là que j’ai testé mon endurance et mon matériel.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”suisse”]La Suisse[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”suisse”]tout est nickel. Même les auberges de jeunesse sont chères.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”allemagne”]L’Allemagne[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”allemagne”]les pistes cyclables sont nombreuses et très fréquentées. Des réparateurs vélo partout et disponibles. On parle anglais et on paye tout en liquide. Après le Rhin, le Danube va me guider jusqu’à la mer Noire.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”autriche”]L’Autriche[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”autriche”]le pays du schnaps. On en vend même sur les bacs qui nous font traverser d’une rive à l’autre. Le Danube est si peu large qu’il suffit d’une cloche pour appeler le bateau. Enormément d’arbres fruitiers, bien sur. Les pistes cyclables sont goudronnées.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”slovaquie”]La Slovaquie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”slovaquie”]le niveau de vie baisse sérieusement. Il n’y a plus d’office de tourisme. Les pistes sont moins bien indiquées et plus difficiles. L’Europe semble être facteur d’espoir, j’ai vu plus de très jeunes enfants.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”hongrie”]La Hongrie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”hongrie”]c’est soigné. Le tourisme n’est pas leur priorité, les villes sont défigurées par les voitures et les câbles électriques. La capitale est splendide avec des bâtiments magnifiques à tous les coins de rue. Le Parlement se reflétant dans le Danube est le « must ».[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”croatie”]La Croatie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”croatie”]splendeur passée. Les bâtiments sont délabrés par le temps et la guerre. Il y a un manque de moyen évident pour entretenir les maisons et les voitures qui polluent. Les campagnes sont abandonnées.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”serbie”]La Serbie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”serbie”]la route est très bien indiquée. La campagne n’est pas très typée. Outils et machines sont plutôt rétro. Production de miel avec les camions-ruches. Cela vaut le coup de parcourir le défilé des Portes de Fer à vélo, c’est magnifique.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”bulgarie”]La Bulgarie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”bulgarie”]sur la rive droite du Danube, beaucoup plus accidentée que la rive roumaine. Une seule journée. Les villages sont tristes mais la jovialité des gens se sent. Du vacher à la grand-mère, tout le monde salue. Les matériaux de construction restent devant les maisons fatiguées. Comme en Serbie, les avis mortuaires s’affichent sur les arbres ou sur les poteaux. Les tombes sont sur le bord de la route parmi les herbes folles.[/peekaboo_content]
[peekaboo_link name=”roumanie”]La Roumanie[/peekaboo_link][peekaboo_content name=”roumanie”]la piste n’est plus indiquée car nous empruntons la route des voitures. C’est le pays des cigognes et des charrettes. Des puits ou des pompes alimentent les villages en eau. Rien de trop beau pour les églises orthodoxes, peintes à l’intérieur comme à l’extérieur. Dans cette région, les Roumains vivent en autarcie, c’est pauvre.[/peekaboo_content]
7 semaines sur la route, ça fait beaucoup de souvenirs, de kilomètres et de rencontres… Mais quel serait le souvenir le plus marquant de votre voyage ?
J’ai été accueillie dans une famille roumaine à Budapest. Le fils d’une trentaine d’année était en vacances chez ses parents. Il travaille en France. La soirée a été très enrichissante et agréable. Pour me souvenir de ces belles rencontres, je notais tous les soirs quelques lignes un document Word. Je l’ai enrichi de 4 photos par jour. Aussi, je faisais un dessin par jour sur un carnet pour garder le fait marquant de la journée. Enfin quand je suis arrivée à la Mer noire j’ai ressenti une grande fierté ! J’ai téléphoné à mon mari, mon fils, mon kiné car mon genou a tenu bon. Et aussi à des amis avec qui j’avais cheminé quelques jours.
Recommencerez-vous un tel voyage ?
Non, c’est trop loin, trop long, trop chaud, trop dur ! Mais il y a beaucoup de véloroutes en France, plus accessibles que nous ferons avec mon mari et peut-être des amis. Le canal du midi, la Francette, le canal de Nantes à Brest…