Partir en volontariat pour sensibiliser à la protection de l’environnement

“Montrer que le plastique n’est pas forcément à usage unique”

En mission en Service civique, Aurélia Bichet est venue à la Maison de l’Europe pour suivre un module de formation sur l’Union européenne. Ici, elle y découvrira le volontariat européen. Ce dispositif de l’Union européenne l’intéresse et quelques mois plus tard, Aurélia s’envole en Bulgarie pour une mission de 12 mois.

Avant de partir en novembre 2019, savais-tu à quoi t’attendre en Bulgarie ?

Pas du tout, c’était l’inconnu total. Je n’étais même pas sûre de pouvoir placer la Bulgarie précisément sur une carte. En France, on n’entend pas trop parler de la Bulgarie en général.

Ta mission s’est déroulée dans la ville de Veliko Tarnovo. Peux-tu nous expliquer ce que tu y as fait ?

Le projet que j’ai rejoint s’appelle Planet Heroes. Avec l’association, notre objectif était de sensibiliser petits et grands à la protection de la nature. Pour cela, nous avons imaginé des actions en lien avec l’environnement. Tout naturellement nous sommes intervenus dans les écoles. J’ai facilement pu travailler avec les enfants à qui je parlais anglais. Ils sont très ouverts d’esprit et nous communiquions simplement. Leur mentalité est bonne : “il est évident que c’est grave de jeter le plastique dans la mer et dans la nature”. Avec eux nous cherchions des alternatives à notre usage du plastique : diminuer notre consommation, recycler, réemployer.

Aussi, dans les locaux de l’association, nous avons créé un freemarket, ce qui veut dire que les gens pouvaient apporter quelque chose dont ils n’avaient plus besoin. Nous avons aussi instauré un système d’échange. Je prends-je dépose. Cela a très bien fonctionné. Ce qui a très bien marché aussi, c’est la création d’un jardin collectif en permaculture réalisé au pied des tours d’immeubles. Les habitants ont beaucoup apprécié ce projet participatif car il y a peu de nature dans leur quartier. Malheureusement, le coronavirus a freiné notre élan.

Parlons-en, comment as-tu vécu le confinement en Bulgarie ?

Le confinement n’a pas été aussi sévère et contrôlé qu’en France. Les écoles étaient fermées, les magasins aussi. Les policiers bloquaient les entrées et les sorties des villes alors qu’en France vous ne pouviez presque plus sortir de chez vous. Notre association n’a pas pu continuer les interventions et moi j’étais confinée dans ma colocation avec d’autres volontaires européens : une Lettonne et un Turc. J’ai profité de ce temps pour apprendre à coudre, j’ai fabriqué des masques et aussi des sacs, et des chouchous en tissu pour les cheveux. Nous étions toujours dans la logique du développement durable ; fabriquer des choses soi-même et les réutiliser. J’ai aussi appris à faire des tutoriels pour l’association. Chose que je ne savais pas faire avant.

Pas simple de sensibiliser sur ce thème si ce n’est pas ancré dans les mœurs…

L’environnement est un sujet que je connais déjà bien car en 2018, j’étais volontaire en Service civique au Mans dans l’association « Sarthe Nature Environnement ». Sans vouloir comparer la France et la Bulgarie, la préservation de la planète n’est pas la principale préoccupation des Bulgares. Là-bas, le plastique est partout. Quand j’allais au marché avec mes propres sacs, les vendeurs avaient du mal à comprendre pourquoi je le faisais puisque les sacs sont gratuits. C’était d’ailleurs l’une des premières phrases que j’ai appris en bulgare : « Non merci, j’ai mon propre sac ». Au niveau pédagogie ces missions à l’étranger demandent aussi une certaine empathie. Je ne suis pas allée en Bulgarie en tant que Française pour dénoncer ce qui va mal dans leur pays mais plutôt pour montrer d’autres idées, d’autres solutions qui fonctionnent.

Qu’as-tu appris pendant ton volontariat en Bulgarie ?

A réfléchir différemment sur l’environnement. Par exemple la gestion des déchets : c’est compliqué de conseiller aux gens de faire le tri quand le camion poubelle passe et qu’il n’y pas de recyclage ensuite. Nous avons voulu visiter une usine de recyclage mais quand nous avons dit que nous voulions filmer, la visite a été annulée. C’est le système qui ne marche pas bien.

J’ai aussi appris un mot bulgare que je me suis fait tatouer sur le bas : « ДОБРЕ », prononcé « dobré », qui veut dire « ça marche » ou « d’accord ». Je l’utilisais sans cesse.

Cette expérience passée, je me rends compte du privilège que j’ai d’être de nationalité française et européenne. Grâce à mon passeport, je peux voyager partout sans problème. Par exemple, ce n’est pas le cas pour les Turcs… n’étant pas dans l’UE. Je trouve que l’UE s’enferme un peu trop à mon gout.

Que sont tes projets pour l’avenir ?

A la rentrée, je vais commencer mes études en Pays-Bas à La Haye. Je reste dans le thème de la protection de la planète, je vais faire un Master dans le cadre du développement durable.

Article publié le 01/09/2020