Nous travaillons sur la préparation de 150 départs de jeunes
L’année scolaire 2024-2025 vient de débuter et deux premiers groupes de lycéens sont déjà en stage Erasmus+ grâce à l’implication des établissements et de la partie logistique préparée par la Maison de l’Europe. Entretien avec Ludivine Cottin et Clémence Joliveau, en charge de ces départs à la Maison de l’Europe.
Quels sont ces jeunes qui peuvent partir en stage avec le consortium Erasmus+ de la Maison de l’Europe ?
Ludivine Cottin : « Ce sont d’abord les élèves des établissements qui sont membres de notre consortium. Ils sont 11 au total et tous très différents, il y a du public, du privé, avec des formations variées (dans le soin, l’agriculture, l’environnement, les arts visuels, etc) et les jeunes qui peuvent partir sont ceux qui sont inscrits en formation professionnelle et qui préparent un CAP, un bac pro ou un bac technologique. Mais il y a aussi des jeunes en prépa métier qui peuvent aussi postuler et partir. »
Ce sont des stages obligatoires ?
« Pas forcément, cela dépend des établissements. Pour certain c’est inscrit dans leur parcours de formation et pour d’autres il faut voir cela comme une opportunité offerte par l’établissement à ses élèves. »
Les élèves peuvent partir mais partent-ils seuls ou avec des enseignants ?
« Le personnel enseignant peut partir en formation pour par exemple développer ses compétences numériques, linguistiques, pédagogiques. Ils peuvent aussi partir pour aller rencontrer leurs homologues européens et échanger sur leurs pratiques pros. C’est à peu près une dizaine d’enseignants par an. Chaque année, c’est une moyenne de 150 élèves qui part et c’est assez stable d’une année sur l’autre. »
Pourquoi les élèves ont-ils intérêt à partir en stage ?
« Les avantages sont vraiment nombreux : d’abord cela leur permet de confronter leurs pratiques professionnelles à d’autres techniques en Europe, par exemple il y a des élèves partis effectuer des stages en soin au Portugal et en Grèce qui se sont rendus compte que la manière de travailler avec la petite enfance ou les personnes âgées n’étaient pas pareil que chez nous. Pour des élèves en agriculture, ou en forêt, partir en stage sur d’autres terrain permet de voir que les sols, les climats et les pratiques impliquent de travailler différemment au quotidien. Cela leur permet plus largement de partir à la rencontre d’autrui, de découvrir d’autres cultures et de faire tomber certaines barrières liées à la peur et aux craintes des « grands départs ». Enfin, ils peuvent par ces stages prendre conscience de leur citoyenneté européenne. Les élèves disent développer sur place une certaine autonomie : faire ses courses, gérer son budget, se repérer et se déplacer dans de nouvelles villes et de surcroit dans une langue étrangère.
Les jeunes qui reviennent de mobilité estiment avoir grandi, pris confiance en eux et ils disent que cela va changer leurs perspectives scolaires puisqu’ils se sentent plus capables d’aller plus loin dans les études, mais aussi pourquoi pas de repartir vivre une expérience similaire. »
En disant cela, vous pensez à quelques jeunes en particulier ?
Clémence Joliveau : « Caroline souhaitait être hôtesse de l’air mais son niveau d’anglais ne lui permettait pas de commencer ses études, donc elle a décidé de partir en REP faire un volontariat et sur nos conseils elle est partie dans cette structure qui est vraiment géniale. Partie 9 mois, elle a mis en place ce qu’elle avait appris lors de sa formation. Pour elle, c’est donc une super opportunité que de réutiliser ses connaissances et de faciliter son projet professionnel via la mise en pratique d’une période longue à l’étranger où son niveau en anglais s’est fortement amélioré.
On a aussi Mattéo qui a fait un stage dans le cadre de Mov’Europe, qui est ensuite parti en Croatie faire un volontariat et qui étudie aujourd’hui au Danemark. »
« Avant » et « après », quelles sont les craintes des élèves ?
« Avant chaque mobilité, nous intervenons 2 fois dans les établissements afin de préparer les jeunes au départ puis, une fois à leur retour pour faire le bilan. Lors de nos préparations post-mobilité, nous interrogeons les jeunes sur leurs appréhensions, leurs attentes et leurs questionnements quant à leur expérience Erasmus+ et, ce qui ressort est généralement assez commun à tous les jeunes. En effet, ils sont très souvent impatients à l’idée de partir et de découvrir une nouvelle culture, parler une autre langue, découvrir la gastronomie locale et des pratiques professionnelles autres que les leurs. En revanche, malgré leur impatience, ils peuvent aussi appréhender de vivre à plusieurs et que cela ne se passe pas très bien, que leur stage ne leur convienne pas et qu’ils ne s’entendent pas avec leurs collègues mais ce qui ressort le plus, c’est la peur d’être séparée de leur famille et qu’elle leur manque ainsi que de prendre l’avion.
Certains élèves partant en mobilité Erasmus+ quittent le territoire sarthois ou la France pour la première fois et cela entraîne évidemment de nombreux questionnements et une curiosité accrue sur l’aventure qu’ils s’apprêtent à vivre.
A leur retour, nous les rencontrons une dernière fois pour faire le bilan des semaines vécues à l’étranger et sur leur stage professionnel. Nous retrouvons alors des élèves qui ont gagné confiance en eux et qui ont développé des compétences linguistiques, personnelles (ils ont appris à mieux se connaître, ils cuisinent, etc) et professionnelles (ils ont parfois l’occasion de découvrir d’autres facettes de leur métier, ou de faire des tâches qu’ils n’avaient encore jamais fait). Certains élèves souhaitent repartir à l’étranger dans le cadre de leurs études, d’autres souhaitent continuer l’apprentissage des langues à l’avenir, bref, cela crée de nouveaux projets et de nouvelles envies pour de nombreux élèves, et c’est une belle récompense !
D’ailleurs, cette question que l’on soulève a permis de créer une exposition pour notre projet Mov’Europe, sur l’année 2023-2024. L’exposition présente l’ensemble des mobilités du consortium. Au cours de cette dernière année, nous avons collecté le ressenti des élèves avant cette expérience à l’étranger. Au travers de leurs témoignages vidéo, nous entendons leurs appréhensions et motivations vis-à-vis de leur mobilité, puis à leur retour leurs expériences vécues. Chaque établissement reçoit donc un grand poster de cette exposition qu’il pourra présenter lors des Erasmus+ Days qui se tiennent du 14 au 19 octobre. »
Article publié le 02/10/2024