Retour sur le débat “Que fait l’Europe pour la Sarthe ?”

“La politique européenne ne se résume pas à une somme de plus et de moins”

Dans le cadre de son initiative “De projet en projet, de ville en ville et de gare en gare. Ça roule en région grâce à l’Europe” la Maison de l’Europe Le Mans-Sarthe et Centre d’Information Europe Direct propose des événements visant à démontrer l’impact de la politique de cohésion sur le territoire sarthois. 

Mardi 4 décembre 2018, à Arnage, une cinquantaine de personnes a assisté à une soirée débat sur la politique de cohésion. Par cet événement notre ambition a été de favoriser une meilleure compréhension du rôle de la politique de cohésion en se rendant sur les lieux de vie des citoyens, ici dans l’espace culturel l’Eolienne ayant lui même bénéficié de fonds européens. Mais qu’est-ce que la politique de cohésion ? C‘est avant-tout :

✅ 30 ans d’existence      ✅ 60 000 projets financés en France    ✅ Un complément des financements nationaux

✅ Des conventions de partenariats entre l’UE et les Etats-membres       ✅ Deux fonds principaux: FSE; FEDER

Si la politique de cohésion a été créée pour que les régions des pays du Sud et de l’Est rattrapent leur retard économique, aujourd’hui ses objectifs ont évolué. L’objectif principal reste toujours le développement régional mais il revêt maintenant un aspect social important qui, dans le cadre d’Europe 2020, devrait permettre d’augmenter la productivité de l’Union européenne, tout en améliorant la protection sociale de ses citoyens.

Quel impact pour la Sarthe ?

L’Union européenne a contribué au développement du territoire sarthois grâce au financement de nombreux projets. M. Cozic rappelle qu’à Arnage le chantier d’insertion professionnelle et la rénovation de la salle municipale ont été en partie financés par des fonds européens. Cependant, le maire de la ville confirme les interrogations du public sur la complexité des dossiers et les retards de paiements : pour la salle municipale, inaugurée en février 2017, la municipalité n’a perçu que 80 000€ sur les 300 000€ annoncés lors des simulations de financements et ces aides n’ont été perçues qu’en juillet 2018.

En réalité, explique Mme Charbonneau, la partie des travaux éligible aux aides européennes, c’est-à-dire celle correspondant à des travaux de transition énergétique, était beaucoup moins importante que le reste des travaux (d’agrandissements, de rénovation…), d’où la baisse du montant d’aides alloué. Pour éviter ce genre de situation, une expertise a été mise en place tout au long du montage et de la réalisation de chaque projet. M. Devisse note à ce sujet l’importance de l’accompagnement des acteurs régionaux et rappelle que, grâce aux aides européennes, Sarthe Numérique a pu équiper tout le département de l’ADSL, là où les grands opérateurs avaient choisi de n’équiper que les grandes villes, grâce à un financement à hauteur de 8.8 millions d’euros (depuis 2004). “Certes, il y a de la complexité et de la temporalité, mais l’Europe est un financeur indispensable. Ce sont les financements conjoints de l’Europe, de l’Etat et de la région qui permettent aux entreprises de ne soucier que de la bonne réalisation des projets et non pas des questions financières.” Interrogé sur la plus-value de l’Union européenne malgré les nombreuses démarches à entreprendre pour bénéficier d’aides, M. Gautier estime qu’il faut voir au-delà de la seule question financière et que la “politique européenne ne se résume pas à une somme de plus et de moins.”

Et demain ?

Sur le futur de la politique de cohésion, Mme Charbonneau exprime que la région travaille à faire remonter les besoins du territoire auprès de la Commission européenne, notamment grâce à la Délégation régionale à Bruxelles, pour faire avancer les programmes européens. M. Gautier rassure sur le fait que si le principal reproche fait à la politique de cohésion est sa trop grande diversité, de 11 programmes elle passera à 5 pour la période post-2020. Pour M. Devisse, l’isolement numérique reste un enjeu primordial pour le futur de l’Europe et de ses territoires et il encourage à “travailler toujours plus pour lutter contre cet isolement et réfléchir à l’accompagnement des collectivités.

Les citoyens européens ont également une responsabilité envers l’Union européenne, estiment M. Cozic et M. Devisse, selon qui les acteurs locaux doivent “bien utiliser les fonds européens et ne pas se laisser aller à la facilité de la critique et du renvoi de faute sur l’UE.”  “L’Europe sera celle que les citoyens sauront construire” ajoute M. Cozic. Nos quatre intervenants s’accordent pour dire qu’il est essentiel que les citoyens puissent mieux appréhender les bénéfices de l’Europe sur leur territoire d’une part, et de l’autre que l’Europe leur permette de mieux s’exprimer sur leurs besoins. Sur ce sujet, un membre du public, fonctionnaire à Le Mans Métropole, conclut ainsi le débat : “Ce soir je découvre que l’Union européenne intervient notamment pour pallier aux manquements nationaux. Je ne savais pas que l’Europe faisait tout ça. Merci.”

De gauche à droite les intervenants de la soirée : Xavier Devisse, directeur de Sarthe Numérique, Thierry Cozic, maire d’Arnage, Vanessa Charbonneau, Vice-Présidente du Conseil régional des Pays de la Loire et chargée des affaires européennes, Jean-Paul Gautier, vice-président de la Maison de l’Europe Le Mans-Sarthe et Centre d’Information Europe Direct.


Pour aller plus loin


 

Article publié le 14/12/2018