Christian Pineau, un Sarthois au cœur d’un succès français

C. Pineau a signé les Traités de Rome pour la France

Résistant, déporté, ministre du Ravitaillement en 1945, auteur de contes pour enfants et d’autres ouvrages, il est titulaire de nombreux portefeuilles ministériels avant d’être ministre des Affaires étrangères entre 1956 et 1958. Le député socialiste sarthois Christian Pineau a joué un rôle essentiel dans la construction européenne. En négociant pour la France la signature des traités de Rome, il contribue directement à la naissance des Communautés européennes regroupant les Six pays fondateurs.

Musée de l’ordre de la Libération

Responsable syndicaliste avant la guerre, Christian Pineau se rallie au général de Gaulle dès 1940, lequel l’aurait salué lors de son arrivée à Londres d’un piquant « alors, Pineau, comment va la France ? ». Seul Sarthois Compagnon de la Libération avec Raymond Dronne, Christian Pineau participe au gouvernement du général de Gaulle en 1945, avant de représenter la Sarthe à l’Assemblée Nationale à partir de 1946. Ministre sous Robert Schuman, puis Guy Mollet, il ira jusqu’à diriger les Affaires étrangères pour ce dernier.

Au cours de sa carrière, Christian Pineau s’est positionné comme pro-européen, défenseur de la malheureuse Communauté européenne de défense aux côtés d’Antoine Pinay, dans un contexte politique défavorable à tout rapprochement avec l’Allemagne. Il a côtoyé les pères fondateurs, de Jean Monnet, qui lui confie son rêve d’un « grand marché » européen dès 1945, au Belge Paul‑Henry Spaak, également signataire des traités tutélaires de Rome.

Fin négociateur en faveurs du marché commun envers les réticences françaises, et, parallèlement, promoteur de l’Euratom auprès des partenaires de la France, Christian Pineau a patiemment négocié la signature du Marché commun pour l’Europe des Six. Le résultat, le 25 mars 1957, est à la hauteur des attentes d’un homme d’État convaincu par le rapprochement franco-allemand, l’ouverture des frontières douanières ainsi que la Communauté des Etats européens. Christian Pineau a défendu ce projet avec confiance et conviction. Modeste, il est l’auteur d’un acte politique historique et courageux, alors que ses compatriotes ne lui étaient pas tous reconnaissants d’avoir fait de la France le chantre de la construction européenne.

Christian Pineau a fait preuve de la « volonté politique » nécessaire pour « faire l’Europe », selon les mots du chancelier Adenauer, dont il a été un interlocuteur privilégié. Soixante ans après le Marché commun, l’Europe désormais Union peut-elle renouer avec l’esprit de Rome ? Pour preuve qu’il ne sert à rien de désespérer, l’expérience de Christian Pineau nous apprend « qu’après la conférence de Messine [en 1955, réunion à l’origine de la résolution de principe sur l’union économique] … Il ne semblait plus y avoir de volonté politique, et pourtant nous étions à la veille du renouveau ». Un homme, et une leçon pour un avenir commun ; celui des Européens.


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le magazine d’information de la Maison de l’Europe / Europe Direct, qui est consacré au 60ème anniversaire des Traités de Rome. Lire le magazine